L’ÉCOLE MATERNELLE
L’école maternelle a pour mission d’aider chaque enfant à
grandir, à conquérir son autonomie et à acquérir des attitudes
et des compétences qui permettront de construire les apprentissages
fondamentaux. Elle s’appuie sur la capacité d’imitation
et d’invention de l’enfant, si vive à cet âge, et sur le plaisir
de l’action et du jeu. Elle multiplie les occasions de stimuler
son désir d’apprendre, de diversifier ses expériences et d’enrichir
sa compréhension. Elle est attentive à son rythme de développement
et à sa croissance.
Le programme de l’école maternelle n’est pas encadré par
un horaire contraignant. Il présente les grands domaines d’activités
à aborder sur les trois ou quatre années de la scolarité.
Il fixe les objectifs à atteindre et décrit les compétences à
construire avant le passage à l’école élémentaire.
■ LE LANGAGE
AU COEUR DES APPRENTISSAGES ■
L’apprentissage du langage est le coeur des activités de
l’école maternelle.
L’école est un univers nouveau et quelquefois déroutant
pour le tout-petit. Il faut lui donner confiance, lui apprendre
à communiquer de manière de plus en plus riche, lui permettre
de découvrir qu’il peut comprendre ce que disent les
adultes quand ils s’adressent à lui ou à tout le groupe et, en
même temps, qu’il peut se faire entendre, y compris de ses
camarades. Au fur et à mesure qu’il grandit, on lui donne l’occasion
de s’insérer dans des dialogues plus longs et plus complexes,
puis dans de véritables discussions. À la fin de l’école
maternelle, il doit être prêt à accepter les règles d’un échange
organisé.
Dans un premier temps, il s’agit simplement de créer autour
de chaque enfant un contexte favorable, de l’encourager
dans ses essais et de permettre les relations avec les autres.
L’enseignant accompagne l’action : il parle avec chaque
enfant, tous les jours, dans des situations claires et explicites.
Il reprend patiemment, dans un langage plus élaboré, les tentatives
d’expression incomplètes ou maladroites.
Dès trois ans, l’enfant peut s’essayer à un usage du langage
plus complexe. Le maître va l’aider à construire le langage de
l’évocation, qui va lui permettre de faire revivre par la parole
les événements passés ou de décrire un projet. Savoir parler
pour évoquer des événements passés ou à venir, pour communiquer
des connaissances abstraites, pour s’expliquer et
pour argumenter marque un palier dans l’apprentissage.
C’est un travail de longue haleine qui se poursuit tout au long
de l’école maternelle. Il conditionne la réussite des apprentissages
ultérieurs. Il est important que les activités soient programmées
à des moments spécifiques, qui structurent le
temps de l’enfant. Là encore, chaque prise de parole est
reprise par l’enseignant.
Le point de départ de cet apprentissage est le rappel verbal
des événements de la vie collective. Les divers incidents qui
émaillent la vie scolaire, les activités scolaires et les situations
exceptionnelles de l’environnement de l’école sont autant de
supports d’expression. Du rappel de ce qui s’est passé, on passe
facilement au projet, c’est-à-dire à l’évocation d’événements à
venir. Ce va-et-vient implique un travail sur tout ce qui, dans
la langue française, permet de situer ce dont on parle dans le
temps et dans l’espace.
Le plus vite possible, l’enfant est mis en situation de découvrir
le plaisir du conte. Les grands thèmes de la littérature orale, les
grands mythes sont abordés régulièrement dès l’âge de trois
ans. C’est l’occasion d’enrichir les échanges et le langage d’évocation,
d’ouvrir les jeunes esprits à la culture des contes et des
légendes, dont les significations sont universelles.
Même si l’apprentissage de la lecture et de l’écriture n’est
pas au programme, l’école maternelle doit donner l’occasion
à tous les élèves d’une imprégnation orale des mots et des
structures de la langue écrite, préalable indispensable à tout
acte de lecture.
Cette imprégnation se fait d’abord par un rendez-vous quotidien
avec les albums de littérature de jeunesse. Leur lecture
est l’occasion d’engager le dialogue, de redire l’histoire qui a
été entendue et de construire progressivement des représentations
vraisemblables et communicables par des mots et des
images. Des parcours de lecture permettent des rapprochements
de personnages et de thèmes et d’installer une première
culture littéraire.
Cette imprégnation se fait aussi à travers ce qu’on a pris
l’habitude d’appeler la « dictée à l’adulte », qui offre à l’enfant
qui ne sait pas encore écrire la possibilité de bénéficier
de l’aide d’un secrétaire (le maître) pour construire des messages
ou des textes. C’est l’occasion pour lui de « parler » les
textes écrits et de mesurer la différence entre langage de
l’oral et langage de l’écrit.
Parallèlement, l’enfant découvre les multiples fonctions de
la langue écrite dans la vie quotidienne, il essaie d’en deviner
les significations et de s’en approprier les formes les plus
apparentes. Il se crée, ce faisant, un premier répertoire de
mots dont il fait très vite usage pour découvrir comment fonctionne
le code alphabétique du français.
Dès trois ou quatre ans, l’enfant s’intéresse aux différentes
écritures qui l’entourent et à la manière dont les mots écrits
expriment le langage. En stimulant sa curiosité, on accompagne
et on structure cette découverte. Il est nécessaire, à
cette étape, qu’il prenne conscience des réalités sonores de la
langue. La meilleure manière est de lui permettre de dire ou
de chanter souvent des comptines, des chansons, des poésies,
des jeux de doigts. Son attention aux rythmes et aux rimes lui
fait découvrir que les paroles sont composées de sons. Il peut
alors comprendre comment les lettres de l’alphabet représentent
ces sons dans des mots familiers et tenter de trouver
(avec l’aide du maître) comment on pourrait écrire un mot
simple. Pour cela, il doit avoir développé ses compétences
graphiques (graphisme, écriture) et ses capacités de dessin.
La petite enfance est le moment privilégié pour les premiers
contacts avec les langues vivantes, langues étrangères ou
langues régionales. Plus l’enfant est jeune, plus son oreille peut
apprivoiser d’autres sonorités. Lui faire mémoriser des énoncés
simples, des chansons, le familiariser avec la diversité des langues, ouvrir son esprit à la diversité des cultures auxquelles
ces langues sont reliées sont les différents aspects de cette première
rencontre.
L’apprentissage d’une langue vivante commence en grande
section.